Je suis rarement prise au dépourvu, c’est une évidence. Longtemps, j’ai tâché de montrer à fiston que des solutions existent alors qu’il se laissait facilement submerger par ses peurs, un profond sentiment d’impuissance, de fatalisme. C’est un travail de longue haleine avec de fréquents retours désespérants. Pourtant, je constate avec joie des victoires.
Le jour de son anniversaire, par exemple.
Il savait que nous n’aurions pas grand-chose, que la fête serait réduite à très peu. Jusqu’à cette année, son anniversaire tombait pendant les vacances ; pour ses 14 ans, il avait classe… et trois contrôles. J’ai dégoté au fond du congélateur des escargots qu’il aime particulièrement et un macaron aux framboises. Zou ! Festin spécial pour mon grand garçon renfrogné.
Au moment de farfouiller dans la boite à bougies, je trouve celle de son premier anniversaire (un mini ourson), d’autres clowns et bestioles, les chiffres 1, 2, 3, pas de 4 et une ribambelle de bougies… roses. J’étais en réflexion marmonnant que je n’avais pas assez de bougies blanches, que je n’allais quand même pas lui mettre des nounours et des bougies roses quand il s’exclama : « Maman, c’est pas grave, on n’a qu’à les mettre en chiffres romains ! ». Bé oui ! Quelle bonne idée !
Je l’ai laissé construire, il ne se soucia nullement de couleur, écrivit IVX, j’ai corrigé et voilà le résultat :
Vraiment, j’étais ravie. Il n’y a pas eu de crise de déception mal exprimée. Rien. Nous avons fait avec ce que nous avions et finalement, la morne soirée se termina joyeusement.
Après tout, quand ce que nous faisons vient du cœur, sincèrement et non du mental ou d’une morale assénée en norme à laquelle on se soumet, les évolutions se font, tranquillement, doucement et profondément. Malgré les prédestinations récurrentes qui nous ont été collées, fiston et moi avançons sur la voie de l’authenticité et de la Joie. Parce qu’avant tout, il y a la libération.