Je pensais raconter mes facéties lors du réentrainement à l’effort, tranquillement, joyeusement, malheureusement, ma tête n’y est pas, pas du tout !
Parce que le fiston est en vacances, parce que nous traversons une période très agitée et pénible où les querelles autour des ordinateur et console de jeux se multiplient en prétexte de remontées plus profondes, parce que je suis constamment contrariée par des paperasses et des justificatifs mille fois demandés pour obtenir des clopinettes, parce que mon corps me joue des tours désagréables, je suis fatiguée, lessivée, fâchée et exaspérée. Bien que n’étant guère découragée avec cet espoir chevillé au corps en permanence –sauf face à la mort-, je n’aperçois que laborieusement l’issue de ces conflits empoisonnés ; j’ai usé toutes mes ressources, ce n’est plus de mon ressort. Je délègue, je cherche de l’aide pour soulager nos peines et je m’occupe de mon interne en méditant constamment par le Qi Gong ou la présence à l’instant, j’écoute mes douleurs et mes travers physiques... Rien n’y fait, je me vide, je m’infecte depuis des semaines à en déborder ; et devinez qui donc hurle le débordement concrètement ? C’est ma vessie, fidèle au poste des signes d’alerte.
J’avais pareillement le chic pour perdre connaissance en cas de surcharge et je ne saurais dire le nombre de ces chutes en malaise ou non puisqu’il m’est arrivé de ne pas m'en rendre compte. Je m’éveillai dans les bras ou sur le sol sans me souvenir de ce qui s’était passé ; les fuites spectaculaires s’y conjuguaient de temps à autre. Les malaises se dispersent désormais, ma vue s’affaiblit en aveugle des autres quand je suis très fatiguée, ma vessie, elle, s’exprime, toujours. Ainsi, depuis janvier, je vis entre deux infections aux manifestations multiples et variées.
J’ai parlé ici de la première de l’année, survenant brutalement en pleine crise avec le fiston. D’autres ont suivi depuis. Résultat : quatre consultations chez le médecin, trois traitements homéopathiques, un traitement antibiotique, deux ECBU (analyse des urines), une séance d’acupuncture, l'achat d'une ceinture lombaire pour protéger mes reins, une lessive par jour, le port en permanence des jupes ou robes plus pratiques en ces circonstances de fuite, les serviettes éponges, les essuie- mains de la salle de bains ou de la cuisine, les microfibres entre les jambes, je me promène cahin- caha avec la crainte constante de ne plus pouvoir gérer les flaques, les odeurs. Une galère journalière.
La nuit, j’ai commencé par me lever en précipitation, à deux, trois, quatre, cinq, six, sept reprises puis je me suis réveillée dans des mares amères et chaudes ne pouvant décidément plus rien contrôler. Changement des draps deux fois dans la même nuit ; le lendemain, à 2h, je coupais une alèse dans un vieux drap imperméable pour ne plus avoir à changer le drap complet. Fuites au travail, fuites au Qi Gong, devant la cuvette ou la porte des toilettes… Entre brûlures déchirant le ventre, odeurs et gestion du linge, je n’ai de force que pour continuer un quotidien très simple. Je travaille doucement, je nous nourris spontanément, je raccommode chaque jour avec les moyens du bord. En fond sonore, les discussions vives entre révolte, colère et exaspération. Puis, une bulle en sourdine de quelques échanges posés où je ne comprends plus le décalage entre les discours et les comportements de mon garçon éperdu dans ses errances, ses colères, ses comportements. Foutue culpabilité en impasse contre laquelle je lutte. Il n’est question que de peurs et de besoins fondamentaux insatisfaits. Si je ne l’abandonne pas, je m’attèle à poser la limite, je ne peux résoudre TOUS ses tourments.
Insidieusement, peu à peu, un doute s’installe. Et ces sensations dans les bras ? ces tiraillements dans la hanche ? cette douleur sourde qui ne me quitte pas au creux des reins à droite ? ma vue défaillante en flou criard à la lumière blanche ?
Inexorablement, vient la question : ne ferais- je pas une poussée ?
« Tu as eu un choc ? » me demandait tout à l’heure ma mère. Je n’eus guère à lui répondre, elle haussa les épaules connaissant la réponse. C’est que je suis épuisée Maman.
Il est temps que le bout du tunnel de mon garçon s’illumine.
Consécutivement à mes retours incessants chez elle, Colette, généraliste, prit contact avec Solange, spécialiste et mon rendez- vous a été précipité. Le neurologue est prévu pour mi- mars. Pourvu que je n’aie qu’à lui dire que nous avons repris l’écoute de mes voies urinaires. Brrr. Saleté de maladie, je n’en finis pas avec toi !
Heureusement, la lumière trouvée dans l’obscurité des terribles mois ne diminue pas, je la sens en moi, sereinement, elle m’accompagne, m’entoure de sa chaleur douce. C’est en elle que je trouve le réconfort.
Je suis trop têtue pour baisser les bras , je n’en ai pas fini avec moi !