Alors que nous étions tranquillement dans le salon à papoter de choses et d’autres, fiston intervint à mon encontre. Etait- ce dans le but de signaler son exaspération face à mes comportements peu orthodoxes ? J’ai oublié. Toujours est- il qu’il entama la complainte du pôvre adolescent victime d’une mère abominable. Usée à ces reproches incessants, je me contentai d’un soupir de lassitude devant tant d’amertume et de rancœur, aucune de mes réponses n’ayant grâce à ses yeux. Annie, rapidement, au détour d’une articulation, lui rétorqua :
« Non, non, c’est une mère AIMANTE ! »
Il renchérit immédiatement peu enclin à entendre ce qu’elle avait dit, continuant sa complainte formulant colères, frustrations, révoltes et catégories de jugements.
« C’EST UNE MERE AIMANTE ! Ce qu’elle fait est guidé par son amour pour toi, elle le fait parce qu’elle te veut le meilleur » insista t- elle.
De mon côté, je fus sonnée, peu habituée à entendre ce genre d’affirmation avec tant de conviction. Les mots ne prirent sens qu’au bout de quelques secondes et je me sentis inondée de reconnaissance devant tant de soutien face aux opprobres du fiston.
- Qu’est- ce que ça me fait comme bien de t’entendre dire ces mots, Annie ! lançai- je heureuse. Parce que d’après lui, je suis la pire de toutes les mères quoi que je fasse.
- Il n’a pas à parler de toi ainsi, ne le laisse pas te dénigrer comme d’autres l’ont fait auparavant ! Tu es une mère AIMANTE !
Et mon fiston d’ajouter :
- Ah pour ça, ma mère, oui, c’est une mère AIMANTEE !
La répartie me fit rire immédiatement (ce qui n’est pas la meilleure attitude p’têt bien) ; sur le coup, l’idée me plut, j’avoue. Garçon avait un sourire honnête, je n’y vis rien de négatif, au contraire, il était fier de son jeu de mot et je m’imaginai plutôt bien avec un corps et une tête aimantés, à l’affût de tout ce qui peut être capté, saisi, un peu foldingue sur les bords puisque constamment en éveil. Au bout du compte, tant qu’à faire, j’aime être une mère aimante ET aimantée.