Avec l'alarme de lundi et cette foutue migraine, j'ai pris bien du recul face à ces festivités et c'est avec un certain étonnement que je constate mon détachement face à des chimères passées. Sans attente particulière, je me suis simplement axée sur le partage et la présence d'autres, physiques ou en pensées. Les tourments de ma mère rejoués incessamment par la nourriture, les travers comportementaux d'autres ont glissé sur moi parce que la migraine de lundi était suffisamment pénible pour me rebuter dans ma capacité à faire l'éponge psychique. A quoi me sert- il de me rendre malade parce que d'autres refusent d'ouvrir les yeux et/ou me renvoient incessamment à des blessures profondes ?
Complètement inutile, inefficace et improductif.
J'ai donc mangé avec modération et plaisir, écoutant les signes du corps, mis des mots sur des enjeux de nourriture et essayé de trouver une issue non culpabilisante à certains fonctionnements anciens. J'ai fait quelques cadeaux simples à ceux dont je savais qu'ils aimeraient ce cadeau- là et non parce que c'est une tradition ou un devoir. Je me suis surtout fait des cadeaux à moi- même. J'ai été gâtée des présents et des absents, des pensées de tous, de la place qu'ils ont pris dans mon univers mental. J'ai aussi eu le plus beau des cadeaux avec la visite surprise de mon amie Idil. De passage dans la région avec ses enfants, elle était là devant ma porte comme envoyée du ciel. Une heure ou deux, un thé de Noël, en précieux bienfait de la vie. Trop peu de temps pour se raconter nos aventures des derniers mois, un temps si riche de la présence physique de l'autre, du son de la voix, des gestes et des attitudes. La chaleur de ces amitiés incompréhensibles. Parce que c'était lui, parce que c'était moi disait Montaigne avec tant de justesse.
Alors, ici et maintenant, je mesure la valeur de ce Noël, l'un des plus sereins de ma vie. Rien n'a changé, j'ai changé. Je regarde le monde d'un autre point et m'étonne des errances passées sans issue qui ne mènent qu'à la frustration. Pourquoi attendre d'autres ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent donner ? Pourquoi espérer qu'ils changent quand il s'agit de me changer moi- même ? Pourquoi prendre sans trier ce qui se déverse de l'un à l'autre alors que je peux choisir ce qui est bon pour moi ou non ?
J'ensorcèle la migraine de la magie de mes pensées afin de lui donner le sens d'un signe, d' 'une mise en garde préalable dans le but de me protéger de ce qui dévore de l'intérieur par des messages inconscients perçus dans la relation à l'autre. Joli conte de Noël.