Qu’est- ce que je ris en écoutant les informations à la radio au sujet de ce nuage de cendres bloquant les avions au sol ! Je pouffe allègrement non pour m’amuser sadiquement des désagréments causés aux personnes qui se retrouvent bloquées aux quatre coins du monde mais bien par l’absurdité de la situation dans ce qu’elle révèle de l’impasse dans laquelle s’est fourvoyée l’humanité.
Combien de temps pour que la course des hommes reviennent à une échelle humaine ? Pierre Rabhi ne cesse de le répéter : la technologie donne une puissance énorme aux humains alors que dans sa tête, il n’a pas évolué d’un iota. Alexandre ou Napoléon ne pouvaient aller plus vite que leur cheval et de nos jours, le moindre imbécile peut rouler à grande vitesse, parcourir la Terre en quelques heures du moment qu’il en a les moyens financiers.
Les hommes ont toujours voyagé, Homo sapiens sapiens a conquis tous les espaces habitables fussent- ils extrêmes. Les méditerranéens ont échangés qu’ils soient Grecs, Phéniciens, Egyptiens, Etrusques, … ; ils ont migrés, ils ont fondé des colonies. La culture s’est partagée, s’est nourrie d’une rive à l’autre, les guerres également. Les Espagnols et les Portugais ont parcouru tous les océans, les Vikings pareillement. Marco Polo a traversé le continent eurasien, les Turcs et les Mongols l’ont conquis les Jésuites ont essaimé sur le globe ... Et combien d’autres qui ne me viennent pas à l’esprit ! Les routes ont constamment été empruntées depuis la nuit des temps. Il n’y a que la vitesse qui a changé. Comment oublier qu’il y a à peine 60 ans, l’Océan Atlantique ne se parcourait qu’avec des gros bateaux en plusieurs jours ? Que l’extrême orient était atteint grâce au train ? Et le monde tournait.
Aujourd’hui, un nuage passe et voilà les humains pris au dépourvu. Quelle blague ! Ont- ils donc perdu toute conscience de leur nature ?
Me vient pareillement cette autre question : combien de temps faudrait –il pour que l’économie telle qu’elle est conçue actuellement s’écroule ? Parce que les avions ne transportent pas que des touristes, des politiques, des vedettes ou des hommes d’affaire. Les avions transportent des marchandises technologiques, médicales, alimentaires entre autres. Que deviendront les étals de supermarchés sans les raisins, les pommes du Chili ou d’Argentine, les ananas d’Afrique ? Je caricature, certes, néanmoins, qui donc se soucie actuellement de vérifier d’où viennent les produits qu’il achète et comment ils ont été transportés ? Que deviennent les entreprises sans la fourniture de leur matériel de travail, sans compter les personnels entrant dans le jeu des négociations ? D’aucun me diront : « Oui mais il y a les bateaux, les camions ! »… Oui, oui, c’est vrai. Et bloom, plus de pétrole ? Ah ah, désolée, je ris à gorge déployée.
Ne serait- il pas temps de revenir à plus de bon sens, simplement ?
Pleurer sur les changements climatiques, voter écolo, trier ses déchets, consommer local et bio, d’accord, nous faisons ce que nous pouvons à notre échelle d’après ce que nous pensons juste avec également l’information que nous voulons bien entendre. Mais qui renoncera à certains luxes du quotidien pour ne plus cautionner l’exploitation irrationnelle d’autres hommes ou de la planète ?
Agir à son échelle, petitement, doucement, consciemment, sortir du système, revendiquer auprès de nos décideurs une action globale, générale opiniâtrement ! Nous avons la chance de vivre en démocratie, pourquoi donc ne pouvons- nous lui rendre son essence primale ? Je ne pense certainement pas à un nivellement par le bas mais à une prise de conscience de nos responsabilités individuelles et collectives. Ainsi, je trouve une transition parfaite pour l’article suivant au sujet d’un film militant à voir à tout prix : Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau.
Evidement que le sujet est vaste et je n’ai nulle prétention à en faire le tour dans ces quelques lignes. J’ai simplement la tête dans un nuage qui me fait rire.