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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 21:22

Mon amoureux est un homme intelligent; curieux et ouvert, il aime apprendre constamment. Quand il se penche sur un sujet, consciencieux, il s’attelle à en faire le tour. Il évolue dans un système mental similaire au mien avec 50 000 idées à l'heure toutes plus originales, inattendues, novatrices les unes que les autres, une soif de découvrir et un esprit critique souvent pertinent. Bousculé par la vie, il n'a pas pu faire les études qu'il aurait voulu et c'est empiriquement qu'il a construit sa culture et ses connaissances générales en plus de capacités en mécanique de formation initiale et/ ou acquises par l'expérience professionnelle. Autant dire que sa caboche est en effervescence.

Je me régale. Nos conversations et partages d'expériences concrètes sont des feux d'artifices qui me ravissent. Ensemble, nous construisons, déconstruisons, rebondissons dans tous les sens. Les accrochages sont évidemment inévitables, ils me bouleversent mais jusqu'à présent, je suis rassurée car constamment, nous en reparlons, nous y mettons de la clarté et nous cherchons au- delà de l'apparence pour finalement en faire un nouvel apprentissage constructif et sain ensemble. J'ai été déroutée au tout début de notre rencontre car pour lui, était l'évidence: quand il m'a vue, il a su. Je n'étais pas dans ces certitudes du tout et pourtant, plus nous discutions, plus j'étais ahurie: un tel homme existe t-il vraiment? Quelques amies au départ y ont vu une exagération, un enthousiasme de femme amoureuse ce en quoi je ne me reconnaissais pas. Sceptique, j'ai d'abord cru à du plat, à des stratégies de séduction et plus les interactions se multipliaient, plus je réalisai qu'il était sincère, respectueux, authentique sans jamais avoir la moindre parole ou le moindre geste déplacés. Il m'a laissé toute la place. C'était très déroutant. Petit à petit, je me suis laissée apprivoiser et désormais, nous vivons une sacrée belle aventure ensemble sous le regard heureux de mon fiston et de mes amies qui l'ont rencontré. Car oui, en plus, il enchante mon fiston, mes amies! Oui, oui, un tel homme existe!

Dans mon humanité, des peurs surviennent. Je n'ai pas dit rapidement, par exemple, que j'étais malade et handicapée. Quand j'y fis une vague allusion, il m'avoua le savoir déjà pour avoir trouvé mon blog. Comme je l'interrogeais sur ce point, il eut cette belle réponse ( qu'il me répéta lors d'épisodes où mes soucis physiques se manifestèrent violemment): « La maladie et les handicaps, ce sont la maladie et les handicaps, ce n'est pas toi. La vie n'est pas une maladie, tu n'es pas une maladie, tu l'as bien écrit toi- même. ». Quand j'entends son récit de vie, j'ai également la peur de l'ennui. Comme en tout domaine, il a été, avec les femmes, curieux, ouvert, découvreur et s'il est au clair et respectueux avec elles, il avoue son ennui quand il a fait le tour de la question. Aïe aïe! Cela arrivera t-il avec moi aussi? Il y a peu, je le lui en parlai alors que nous trafiquions chacun dans notre coin de cuisine, il redressait un de mes montages aléatoires de travers, je préparais le repas. Ma phrase terminée, il se redressa tout sourire et me lança:

« Quand je te vois faire la cuisine, là maintenant au milieu de ton nettoyage d'émaux envers et contre toutes les représentations habituelles de la cuisine, je me dis que je suis très loin d'avoir fait le tour de la question et j'en ai pour au moins trente ans sans même être certain d'y voir le bout.»

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En vrac, de gauche à droite, d'avant en arrière: embout de l'arrosoir que je garde près de l'évier pour récupérer l'eau sans produit en vue d'arroser les plantes, boutons triés et lavés dans le lot d'émaux, vaisselle utilisée pour le rinçage et l’égouttage des émaux, bocal de cornichon sans cornichon dont je garde le vinaigre pour détartrer les toilettes ( après filtrage et chauffage intensif), piles d’émaux lavés ou en cours de lavage plus ou moins rangés par forme, marc de café en attente de passage au compost ou en débouchage des tuyauterie... à moins que je ne l'utilise en peeling?, bouteille en plastique en attente d'être transformée en réservoir d'eau pour plantes, sachets plastiques nettoyés pour être ramenés à l'Amap de légumes histoire de les réutiliser et réutiliser encore, salade impeccable pour le repas, miettes de chocolat maison en attente d’être mangées avec encore un peu de vaisselle à mettre au lave- vaisselle ( vraiment , j'ai autre chose à faire que de la vaisselle non mais!).. euh, c’est tout je crois...

Bon, il a été rapidement mis dans le bain ( et c'est le cas de le dire):

Quand il me vit danser avec mes amies à la soirée de notre rencontre , il en resta bouche bée. ( Il me trouvait vivante et complètement indifférente du regard des autres.)

Il se prit une ou deux vestes et discuta avec moi de surprise en surprise ce même soir … et les jours, les semaines suivants.

A ma première visite chez lui, je débarquai avec deux truites et des légumes à cuisiner dans mon panier ( normal pour moi vu que j'arrivai un dimanche en prévenant trop tard pour lui laisser le temps de préparer quoi que ce fut), un bidon de purin de lombric (où il mit le nez pour savoir ce que c'était alors que je filai in extremis aux toilettes en arrivée précipitée) et un sac de vieilles chaussettes à coudre en personnages imaginaires.

Au premier repas chez moi, j'ai porté mon plus vieux jeans et un pull rétréci informe quand mes amies de la danse m'avaient poussée à me faire belle en me donnant une robe pimpante.

J'ai inondé son lit, son appartement et il a déjà souvent baigné dans mes fuites nocturnes, matinales, marquages et baptêmes dont il nous fait rire.

Vinrent la vision de mon joyeux foutoir entre mes tissus, mes livres, mes musiques, mes matériaux, mes travaux en création, en cours, achevés, notre façon de vivre à fiston et moi avec nos engueulades, nos embrassades, mes humeurs, mes péripéties. Ajoutez- y qu'il lit régulièrement des passages de mon blog.

L'autre jour, il a été surpris de trouver de l'aspirine dans ma salle de bains alors que je n'ai habituellement que de l'homéopathie:

- Tiens, tu as de l'aspirine toi?

- Oh, oui, répondis- je désinvolte, c'est pour détacher le linge.

Sourires complices suivis de quelques minutes de silence. Il enchaîna:

- Dis, tu n'aurais pas de la lessive?

- Oui, ça dépend, c'est pour quoi faire au juste?

- Bah, j'ai mal à la tête là.

Éclats de rire.

Alors, oui, peut- être bien qu'il en prend pour trente ans, supportera t-il ces péripéties et élucubrations?

Toujours est- il que je suis preneuse parce que pour l'instant, tout est ouvert, plein de surprises, de joie, de projets, dans la logique du gros nettoyage de fond opéré depuis des années. C'est tellement vivant, je voudrais ne plus en sortir.

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