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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 10:30

En cet été, il y eut un événement tout particulier auquel je tiens à donner une place d'honneur. La date est importante car pour rappel, je sortais de huit mois de fauteuil roulant dont deux mois alitée en totale dépendance, je remarchais sans béquille depuis quelques semaines après des traitements costauds et de la rééducation intense. Je tanguais encore, ma vessie était complètement anarchique et je ne voyais quasiment rien. Je vivais chez SeN avec mon fiston de 10 ans sans autonomie matérielle, je sentais déjà son renfermement, la perte des espoirs entrevus sur notre relation lors des mois difficiles, la psychanalyse était en marche, si j'étais à ma rage de vivre pleinement pour ne rien manquer ou regretter, j'étais encore sous le choc des événements de l'année passée.

Mon amie Sandrine des Vosges avait pris le temps et l'énergie tous les jours de m'appeler pendant les longs mois d'épreuves, elle m'avait offert son écoute, ses mots, ses silences et elle fut plus présente que bien des membres de la famille. Comme j'allais mieux, elle demanda à me voir et nous invita à venir passer une semaine chez elle. A mes yeux, c'était une nécessité, tant pour notre amitié que pour signifier le retour à une vie quasi normale, loin des hôpitaux avec des projets et de la légèreté. SeN accepta de nous y conduire, les deux longs allers- retours ne pesant guère devant le calme gagné, il nous largua donc allègrement et repartit vite parce qu'il ne voulait pas perdre de ses précieuses vacances à la maison. Quant à moi, pendant sept jours, je savourais chaque instant en compagnie de ma chère Sandrine, prévenante et bienveillante. Avec elle, nul besoin de batailler, de répéter, elle savait ce qu'était mon corps en ces heures, mon état général, ma personnalité et elle s'adaptait en respectant tant mes limites que ma volonté de les oublier. Ainsi, avec deux enfants à occuper en prime et des alentours à visiter, elle nous concocta un programme au fil de mes possibilités physiques et nos envies notamment une sacrée belle surprise: de l'accrobranche.

Pour les enfants, la question ne se posait pas, ils étaient ravis et enthousiastes. Si Sandrine ne voulait pas grimper, elle pensa judicieusement que ce serait tout bénéfice pour moi. La veille, elle appela afin de se renseigner et joyeusement, un aménagement fut proposé avec un guide de montagne expérimenté. Quelle joie pour moi d'être ainsi portée par quelqu'un qui s'adapte et ne bute pas sur des présupposés d'emblée! C'était vraiment un cadeau merveilleux.

Nous arrivâmes à l'heure convenue pour un parcours- débutant puisque tous commençaient.

Harnais, casques d'abord:

 

Du sport, surprise d'août 2007.

 

 

La pellicule se termina avec cette photo et il n'y en avait pas en vente alentour sauf des appareils jetables; Sandrine fit se mieux depuis le sol et j'ai repris en numérique ces derniers en zoomant et arrangeant le truc. Nous ferons malheureusement avec une médiocre qualité.

 

Petite formation sur les changements de ligne et la tyrolienne:

 

Du sport, surprise d'août 2007.

 

 

Et c'est parti pour l'aventure:

 

Du sport, surprise d'août 2007.

Du sport, surprise d'août 2007.

Du sport, surprise d'août 2007.

Du sport, surprise d'août 2007.

 

 

Les enfants se sont éclatés, c'était une joie que de les entendre évacuer leurs tensions et leur plaisir dans les cris et les exclamations, des blablas futiles. J'étais heureuse de sentir les arbres, le soleil et le vent dans les feuilles, le chant des oiseaux au loin, la présence des autres. Je fus surprise de ne pas avoir le vertige, moi qui craignais avant de monter sur une chaise. Le vide ne me faisait rien... en même temps, je ne voyais pas grand chose si ce n'est un grand flou et tout se faisait à la voix, au toucher. Le guide a été très chouette, m'expliquant oralement les étapes, la situation présente et le parcours à venir, me plaçant les mains si je demandais à toucher, me laissant faire, n’intervenant quasiment pas; je ne saurais dire à quoi il ressemblait, j'entendais sa voix chaude et joyeuse, j'entrevoyais sa silhouette charmante. Un régal!

Arrivée au bout, je m'étonnai de la facilité avec laquelle j'avais effectué le parcours. Vessie m'avait laissée tranquille, le corps s'était plié et tourné aux besoins de mouvements, je n'étais pas fatiguée et je lâchai ma surprise sur cette fin arrivée si vite.

- Je continuerais bien dans ces conditions, vous croyez que ce serait possible?

 - Physiquement, vous en seriez parfaitement capable, je ne me fais aucun souci.

Nous en restâmes là néanmoins parce que le temps manquait et que Sandrine passait son temps au sol à nous regarder. Les enfants discutèrent un peu puis se calmèrent à l’idée d'y revenir pour aller plus loin. Il en fut donc ainsi.

Est- il nécessaire de vous dire combien nous étions heureux? Quelle victoire pour moi! Quel soulagement pour mon garçon et mes amies de me voir passer ces cordes, filets, vides et vitesse avec aisance après ces mois d'immobilisation et de reconquête laborieuse du mouvement?

Cette première expérience d'adaptation en dehors du milieu hospitalier a été une sacrée belle aventure, mon amie Sandrine prouvait que le handicap n'est une limite que parce que des représentations et les refus d'adaptation le rendent tel. Sept ans ont passés, je réalise que j'ai oublié la réaction de SeN à cette époque, lui qui ne voyait que des limites et des empêchements partout et j'en suis ravie. Ma mémoire a gardé le plus important et j'ai entretenu cette veine depuis. Attendez donc de lire la suite! Ceux qui me connaissent dans la durée en ont déjà eu des échos, je vais vous le raconter plus en détail dans les prochains temps. A bientôt!

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