Pendant que la colle à bois prend, je m’arrête devant l’écran pour y relater mes aventures. Hier, c’était le produit à détapisser, demain la peinture, les journées sont archi pleines alors que le quotidien et son lot de tâches répétitives ne s’amenuisent guère. M’est- il possible de rester tranquille ? J’en doute. Il n’y a que la maladie pour m’ y contraindre… et encore ! J’ai de nombreux travaux en réserve à montrer, travaux exécutés malgré les handicaps moteurs et visuels ; j’ai toujours, omniprésentes la lutte et la résistance dans la récupération de capacités physiques. Au moins, les crises de fatigue qui me prennent subitement me poussent à m’asseoir et à vous écrire.
Juillet et août ont été tranquilles, de mon point de vue bien qu’à y regarder de plus près, j’ai tenté au maximum d’occuper les journées notamment avec le loustic qui s’ennuie facilement hors de ses jeux électroniques refuges.
Nous avons eu la visite de Mariev et Coq, quelques sorties dans des musées, des marches épiques, quelques belles victoires sur les impossibilités facilement mises en avant par quelque défaitiste.
Par exemple, je suis particulièrement fière de raconter les longueurs faites à la piscine. Là-bas, les fuites de pipi sont invisibles, les troubles de l’équilibre oubliés dans l’eau, je vois comme avant sous l’eau et les regards portés sur l’horloge évoquent avec bonheur la récupération de la vue. Il y a quelques mois, je n’y voyais rien et devais demander l’aide de quelqu’un. Désormais, je regarde avec délectation les aiguilles, la trotteuse, les aiguilles de couleur pour se chronométrer et même la jaune sur fond blanc est à ma portée. C’est un cadeau inestimable car perdre la vue était certainement une de mes plus grandes craintes.
Je suis fière également de dire qu’en fin juillet, j’ai marché 3h sur 10 km avec mon fiston à la recherche d’un camp romain introuvable dans la forêt (un fossé et quelques remblais de terre) ; nous avons tout de même pu marcher sur une ancienne voie romaine (là, à côté) en écho à celle parcourue en mai lors de notre escapade chez Mariev. Portée par le ras- le-bol de voir mon garçon s’ennuyer à la maison et devenir désagréable, j’avais programmé cette sortie entre lui et moi en sachant pertinemment que la randonnée était de 10 km. Je me sentais capable de la faire et bien que laborieuse, j’ai persévéré pour gagner la partie, non mais ! Bon, j’avoue, j’ai dû m’arrêter trois fois pour me reposer et soulager ma vessie capricieuse.
Il y eut la fête nationale où j’ai dansé comme une folle au milieu de gens coincés. J’ai l’air bourrée quand je perds mes équilibres et je m’en fiche, c’est tellement jouissif pour moi, une transe respirant/aspirant la vie que la danse. ! Et ce feu d’artifice avec ces photos drôles et improbables faites au hasard :
Le feu jaillissant d’un chapeau pointu, n’était-ce pas approprié sous le regard d‘une fée humaine ?
D’ailleurs, à propos de feu, mes pensées me ramènent à ce blog où j’aime me torturer les méninges : Zeugma . J’y dépose quelques commentaires très humblement parce que je m’y sens toute petite dans mon ignorance. J’ai eu l’agréable surprise d’y trouver un réponse de Taneb qui m’a beaucoup touchée (après m’avoir remué les méninges, évidemment) ; il a trouvé un superbe anagramme de fée des agrumes et c’est une découverte magique : messager de feu. C’est beau n’est- ce pas ???
Il y eut nos voyages dans le temps.
Promenades vers les ruines d’un château perdu dans la forêt où l’envie de faire du Qi gong avec l’arbre me prit au grand dam du fiston et les étranges personnages mystérieux figés dans les arbres, entre sourire et tête de gardien.
ils ont bougé quand ils ont vu l'appareil... à moins qu'ils n'aient jeté quelque sort pour se voiler dans le flou...
Sortie en fête médiévale et spectacle sons et lumières. Magique, magnifique moment avec mon garçon qui spontanément y retrouva un camarade de cp sans qu’ils se souvinssent l’un de l’autre. J’y ai rencontré des amateurs de fantasy aux costumes superbes et le projet de les rejoindre dans leurs regroupements de jeux de rôles en vrai (waouh). Pique-nique frites saucisses sur la pelouse loin des obsessions alimentaires ou sanitaires, la mise en scène d’une légende locale et un beau feu d’artifice surprenant. J’en retiendrai l’accoutrement de mon garçon qui d’emblé me fit penser à un hobbit prêt à partir à la guerre.
Nous avons pédalé à travers bois et champs ensemble sur des chemins dont il me parlait depuis des années .Découverts lors d’une promenade scolaire, il avait tellement envie de partager ces lieux avec moi qu’il insistait et insistait pour que je l’y accompagnasse. Cet été, l’occasion se présenta et je savourai la beauté des sentiers, de la lumière à travers les feuillages, les fougères, les fleurs, les herbes folles, les arbres, les mousses.
Comme il trainait et posait le pied en soufflant, je le taquinai : « Et ben dis donc, c’est qui la vieille malade handicapée ?? ». Nous avons ri ensemble, de bon cœur, la situation étant cocasse au regard des mois passés dans le désarroi des incapacités physiques. Exutoire salvateur.
Quand les activités sont intéressantes, il n’est guère nécessaire de se réfugier dans le monde virtuel des jeux vidéo. Etre simplement ensemble à partager ces instants de rien comble nombre besoins. Oublier la peur et la colère, être ici et maintenant, hors du vaniteux contrôle chimérique qui ne conduit nulle part hormis aux impasses. Ces sorties ont parsemé cet été aux journées mollassonnes et enfermées. Je me préparais physiquement au chambardement de la rentrée.